Le cérémonial

Depuis les années soixante-dix, Pierre Bancharel a tenu un journal pour consigner jour après jour ses réflexions sur son travail. Un journal consacré à sa peinture, mais pas seulement. Il y parle de sa vision, de son évolution, et aussi des peintres qu’il aime. Rembrandt, Soutine, Bonnard, Chardin, et, le plus grand, Courbet sont constamment nommés. Il note ses « recettes », il s’interroge sur la modernité, il compare la peinture et la musique. En voici quelques extraits qui peuvent éclairer son œuvre.

16 décembre 2009

Comme Courbet l’a si bien senti dans ses grands sujets, le cérémonial et le religieux à son époque, sont les seuls sujets qui comptent. L’Enterrement à Ornans, L’Atelier, La Toilette de la mariée, et même Les Pompiers courant à un incendie ou L’Hallali sont conçus comme quelque chose de religieux ou comme une cérémonie. D’instinct en 1966 j’ai cherché ce cérémonial dans Le Dimanche, fuyant les sujets naturalistes ou intimistes mais juxtaposant des personnages, des objets, des animaux dans un décor au fil du pinceau, sans lien. Il ne s’agit pas de surréalisme mais de briser la cohérence naturaliste. Il me semble que c’est ainsi que l’on rompt véritablement avec le passé. En musique la tonalité était liée au réalisme naturaliste et on peut dire que le surréalisme est l’équivalent d’un Erik Satie par exemple et l’abstraction est l’équivalent de la musique concrète. Quand j’ai exploré pendant très peu de temps les voies du surréalisme, je me suis retrouvé dans une impasse. Balthus est un peintre cérémonial dans La Rue ou Le Passage du Commerce Saint-André.

Le dimanche. Huile sur bois. 1966

Sources

https://wallonica.org/blog/2020/11/29/balthus-la-rue-1933/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_enterrement_%C3%A0_Ornans